Il est 12h45 ce dimanche 30 mai. Garé sur le parking à l’entrée du camping de la sortie de Mérigny dans la rue du Pré Godet, je relis le SMS de Kévin. “…De souvenir, après un puits de 10m on marche un peu les pieds dans la rivière puis après on rampe un peu dans la boue…” Tiens justement voilà Kévin avec Émilie suivi de près par Jérémy. Je les rejoins devant le bloc sanitaire du camping. Le soleil printanier nous permet de s’installer sur une table, à coté du court de tennis, pour une petite collation. Le repas terminé il est temps de s’équiper pour notre excursion souterraine.
L’orifice, recouvert d’une trappe en tôle ondulée, nous attend. Il exhale un air frais. L’initiateur fixe la corde avec un joli nœud de Mickey. Je lui fais remarquer qu’il y a des broches beaucoup plus haut (en fait il y a plein de spits et de broches). Kévin rehausse donc ses amarrages et règle les oreilles du nœud. Une fois la trappe ouverte, il se ravise. Une main courante serait de bon augure… Un nœud de cabestan verrouillé par un nœud de pécheur et le nœud de huit double refait l’équipement du puits lui semble satisfaisant. Vérification de l’équipement des protagonistes fait, Kévin se met sur la corde, descend un peu, demande de quoi faire une déviation pour le milieu du puits et c’est parti. Jérémy le suit. Je descends suivis d’Émilie.
La base de la diaclase est plutôt vaste. L’air y est rempli de moucherons. Des chauves-souris de belles tailles volettent au-dessus du petit lac en contrebas. Un crapaud fait le guet au bas du ressaut. On laisse nos baudriers et le matériel mécanique au pied de la corde. L’accès à la salle des cranes se fait par un passage bas. Cette dernière tient son nom au fait que c’est une grotte funéraire hallstattienne où des ossements d’une vingtaine d’individus ont été retrouvés. Ces derniers auraient été déposés par une ouverture bouchée par de gros blocs visibles actuellement au plafond de la salle. Dans un recoin un petit rhinolophe fait sa sieste.
La salle est traversée par l’eau. Kévin hésite puis s’engage dans la rivière vers l’aval. Le fait de marcher les pieds dans l’eau après deux pas l’eau arrive à l’entre-jambe et au troisième pas le haut des hanches… Par chance on peut tenir debout. La progression aquatique de quelques dizaine de mètres permet d’atteindre une nouvelle salle au rives argileuses. De là un boyau défendu par un passage technique permet de rejoindre des galeries au sol boueux. On laisse une vasque profonde pour avancer à quatre pattes dans des boyaux où la trace des genoux de nos prédécesseurs forment deux stries parallèles bien marquées. Enfin nous atteignons le siphon terminal, avec sa mousse de crue. Je traverse la laisse d’eau pour la photo.
C’est déjà l’heure du retour. Dès que possible la rivière est préférée aux galeries étroites. Jérémy, a qui on s’est bien retenu d’indiquer qu’il est préférable de marcher sur les bords (ce qui permet de se retenir lorsque le fond boueux de la rivière se dérobe sous nos pieds) en profite pour faire une scène digne des meilleurs Tex Avery “hop, hop, hop non je je tombe… plouf…). C’est dommage, le précédant, je n’ai eu que le son. Lorsque je me retourne, il esquisse une brasse ou deux pour se rétablir sous les rires goguenards de ceux qui ne souhaitent qu’une chose : que l’incident ait été filmé…
La remontée du puits se passe sans encombre. Le soleil brille encore. De retour au camping, une fois changés avec des vêtements propres et secs, nous prenons le temps de nous restaurer jusqu’à ce que l’ombre arrive sur la table où nous avions déjeuné.
La cavité ouverte en 1953 par des locaux a été explorée au cours du temps par des équipes spéléo de l’Indre et le SCC et peut-être d’autres. C’est une capture partielle de l’Anglin à la faveur d’un méandre du cours épigé. Les eaux souterraines sortent à 1,5 kilomètres plus loin à la résurgence de Cul Froid.
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