Guy Laramée

L’érosion des cultures – et de la «culture» dans son ensemble – est le thème qui traverse les 25 dernières années de ma pratique artistique. Les cultures émergent, deviennent obsolètes et sont remplacées par de nouvelles. Avec la disparition des cultures, certaines personnes sont déplacées et détruites. On nous dit actuellement que le livre papier est voué à mourir. La bibliothèque, en tant que lieu, est terminée. On pourrait se demander quoi? Croyons-nous vraiment que les «nouvelles technologies» changeront quoi que ce soit concernant notre dilemme existentiel, notre condition humaine? Et même si nous pouvions changer le contenu de tous les livres de la terre, cela changerait-il quelque chose par rapport à la domination de la connaissance analytique sur la connaissance intuitive? Qu’est-ce en nous qui insiste pour saisir, pour traduire le flux de l’expérience en concepts?

Quand j’étais plus jeune, j’étais très bouleversé par les idéologies du progrès. J’ai voulu les détruire en montrant que nous sommes encore des primitifs. J’avais l’intuition profonde qu’en tant qu’espèce, nous n’avions pas beaucoup évolué. Maintenant je vois que notre croyance au progrès découle de notre fascination pour le contenu de la conscience. Malgré les apparences, notre obsession actuelle de changer les formes dans lesquelles nous accédons à la culture n’est qu’une manifestation de cette fascination.

Mon travail, en 3D comme en peinture, naît de l’idée même que la connaissance ultime pourrait très bien être une érosion au lieu d’une accumulation. Le titre de l’une de mes pièces est «Toutes les idées se ressemblent». L’art contemporain semble avoir oublié qu’il y a un extérieur à l’intellect. Je veux examiner la pensée, non seulement «ce que» nous pensons, mais «ce» que nous pensons.

Alors je sculpte des paysages dans des livres et je peins des paysages romantiques. Les montagnes de connaissances désaffectées reviennent à ce qu’elles sont vraiment: les montagnes. Ils s’érodent un peu plus et deviennent des collines. Ensuite, ils s’aplatissent et deviennent des champs où apparemment rien ne se passe. Des piles d’encyclopédies obsolètes renvoient à ce qui n’a besoin de rien dire, à ce qui EST simplement. Les brouillards et les nuages ​​effacent tout ce que nous savons, tout ce que nous pensons être.

Après 30 ans de pratique, la seule chose que je souhaite encore que mon art fasse est la suivante: nous projeter dans cet épais «nuage d’inconnaissance».

https://guylaramee.com/project/a-caverna/

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